édito

À nouveau

« Il n’est jamais trop tard pour bien faire : cette 27e édition se tisse d’une thématique pour la première fois depuis la création du festival  : celle de la mémoire ou, exprimé d’une autre manière, de l’hier contemporain. En effet, à quoi bon se souvenir si ce n’est pour relancer le présent, l’interroger et, pourquoi pas, le revivifier ? Ni recherche du Paradis perdu, ni soumission à l’histoire, mais plutôt une constatation brute : la danse se conjugue aussi au passé, ce qui ne met pas en doute sa faculté d’innovation. Le chantier de Notre-Dame de Paris prouve combien reconstruire « à l’identique » contient d’adaptation au temps présent et à la découverte. Inventer est rare. Mais les univers artistiques personnels et signés sont nombreux. La problématique dépasse largement celle du répertoire. Il y aussi les techniques, les thématiques, les passassions. Empreintes, traces, savoirs, tout ce qui remue en eaux profondes demande à être exposé à nouveau. Donc, créations, recréations, reprises, redécouvertes, hommages, revivifications historiques… Un terreau riche et varié. Echo de préoccupations de chorégraphes d’aujourd’hui, reflet de notre société en interrogation. »

Christophe Martin

petit glossaire situationniste

discipline / technique / style

Façon de catégoriser des ensembles cohérents qui se transmettent. Il faut bien signifier des différences : historiques, géographiques, d’utilité sociale (danse religieuse, de cour, de théâtre, guerrière…). Bien définies, ces danses ont tendance à créer des communautés, des réseaux, des modes, des stars, des maîtres, des rites, bref, tout un environnement qui a ses propres règles.

-> pourquoi pas par exemple : Carole Bordes / Bilaka / Tom Grand Mourcel

 

histoire

C’est assez rare, mais la danse peut aussi évoquer l’Histoire, faire œuvre en écho avec le politique agissant, pour le pire, très souvent, malheureusement. Le dire intervient alors, sans forcément passer par les mots, sans les oublier, non plus, dans le cheminement de l’esprit. Il s’agit de dépasser l’abstraction naturelle de la danse. Car il faut entendre.

-> pourquoi pas par exemple : Betty Tchomanga / Samaa Wakim et Samar Haddad King / Geisha Fontaine et Pierre Cottreau

 

hommage

Rendre hommage. C’est reconnaître une dette, de manière positive, dans l’envie toujours présente de faire suite. D’accepter ce qui est devenu une part de soi, de son art, de sa personne. Bien souvent, la frontière dépassée du vivant autorise l’hommage.

-> pourquoi pas par exemple : Emmanuel Eggermont / Maëva Lamolière / Thomas Lebrun, Bernard Glandier, Christine Bastin

 

objets de mémoire

Avec quoi se souvient-on de la danse ? D’abord avec le corps du danseur, et l’esprit du chorégraphe (ce qui n’exclut pas son corps). Ou la mémoire d’un maître de ballet. Ensuite, avec des images (vidéo, photo). Des carnets, notes et autres. Des partitions musicales, aussi. Enfin, parfois, avec une méthode de notation. La plus répandue, Laban, ou Benesh, ou Conté. Ou personnelle. L’ensemble des traces pouvant bien sûr s’associer. Reste que le remontage est une nouvelle aventure.

-> pourquoi pas par exemple : Groupe FLUO/Benoit Canteteau / Raphaël Cottin / exposition Carlotta Ikeda : du Japon vers la France, du cabaret au butô

 

recréation

Cette fois-ci, en plus de la partie ou du tout de l’œuvre initiale, on retranche ou on ajoute, en tout cas on transforme la matrice. Par plaisir, par nécessité de faire mieux, d’explorer des pistes abandonnées, par gourmandise, par commande, par volonté de réactualiser… Car souvent, le temps passe…

-> pourquoi pas par exemple : Jean-Claude Gallotta/Josette Baïz / Aurélie Berland  / Compagnie Mossoux-Bonté

récits

Certains sont fondateurs, d’autres servent de trame aux spectacles, tous enseignent. Ils peuvent demeurer lisibles ou pas, on peut parfois reconnaître des événements, des détails, des costumes, autant de traces du récit inspirant, ou pas. Ils sont comme un squelette. -> pourquoi pas par exemple : Daniela Clementina De Lauri / Jean-Claude Gallotta/ Josette Baïz

 

réinterprétation

Dans un cas, on change simplement d’interprète. Dans un autre, on s’inspire de ce qui a été créé et on le fait évoluer avec les propres ingrédients de l’œuvre plus un nouveau regard, plus des ajouts esthétiques, conduisant à une nouvelle pièce qui n’est pas tout à fait une création. C’est compliqué. Il y a de la reprise, de la reconnaissance. Et un truc en plus.

-> pourquoi pas par exemple : Raphaël Cottin / Thomas Lebrun/Bernard Glandier/ Christine Bastin

 

répertoire

Le stock ou la bibliothèque des chorégraphies qui ont été pensées comme transmissibles, à l’intérieur d’une compagnie, d’un ballet, pour d’autres, éloignés, géographiquement et dans le temps. On y associe bêtement la danse dite classique car cela concerne en réalité toutes les danses. Un objet que l’on se passe. Et que, selon le format, on peut associer à d’autres, pour instaurer des soirées construites par liens sensibles et/ou mentaux. C’est une sorte de trésor.

-> pourquoi pas par exemple : Aurélie Berland, Christine Gérard / Ensemble chorégraphique du CNSMDP

 

reprise

La pièce, la chorégraphie a déjà été créée, et elle se réactualise dans le respect des formes, de l’esprit et de l’auteur. On perpétue à l’identique, autant que faire se peut. Car, pour le spectacle vivant, tout bouge, des interprètes différents à l’âge des interprètes, en passant par les moyens utilisés pour la mémoire de l’œuvre : notée, vidéographiée, par la mémoire vivante et donc l’oralité… Mais on veut avant tout rester fidèle.

-> pourquoi pas par exemple : Sylvie Pabiot / Jean-Claude Gallotta/Josette Baïz / Thomas Lebrun/Bernard Glandier/Christine Bastin

 

rituel

Ancestral, invoqué, seuil vers un au-delà, qu’il n’est pas nécessaire de qualifier. Vieux comme le monde, plutôt pensé comme primitif alors qu’il s’agit bien souvent d’une autre science, d’une manière de concevoir le réel. La danse s’y sent bien, dans ce giron qui lui rappelle son enfance.

-> pourquoi pas par exemple : Nathalie Pernette  / Elodie Sicard / Bilaka