« Et, soudain, engendrement multiplié : ces singularités, spatiales, charnelles ou pédagogiques, sans que rien ne l’ait prévu, s’ensemencent partout, sur tout le corps, à travers le lit du fleuve, dans l’espace intellectuel, jusqu’à dessiner une synthèse ou indexer l’universel. La petite flamme éclate. »
Michel Serres, Le Tiers-instruit
Oh ! Cette petite flamme qui nous motive et que nous espérons courante, vive, courageuse et avide de conquêtes douces. La petite flamme intérieure, bien sûr, mais aussi celle qui nous est offerte et qui nourrit la première, de ces mille facettes, reflets et chatoiements. La beauté du divers, de la rencontre, de la chance au détour du chemin, d’un programme, d’un geste. Le rendez-vous dansant au monde. Le regard curieux sur les corps en mouvement.
Un festival de danse dans Paris et marqué de tant d’étapes, cheminant sur presque un mois, ne se résout que dans l’opportunité de la découverte, l’occurrence heureuse de l’appel. A l’apparente solidité du programme répond le foisonnement des projets artistiques, la disparité des lieux, le moiré des personnalités, l’échelle des maturités.
De cet ensemble est espéré ce que décrit Michel Serres, l’ensemencement mutuel, l’écho et l’impact. La base de cette édition de Faits d’hiver se construit avec des spectacles dansés par de nombreux interprètes ; par une attention toute particulière au féminin : de Scarlett (Arthur Perole) la muse mystérieuse, aux apparences aisées et faciles clichés déconstruits de Masculines (Fattoumi/Lamoureux), en passant par la soirée qui regroupe la mère (HS de Katalin Patkaï ) et l’amante (Go, go, go… de Camille Mutel), et aussi, la relance et relecture du Sacre du printemps de Daniel Dobbels qui ne peut envisager que l’élue soit sacrifiée (L’autre éveil) ; sur la surprise, enfin, des huit créations attendues. Avec impatience.
Suivons la petite flamme qui nous réchauffera encore cet hiver, qui fera des Faits des feux chatoyants.
Christophe Martin