Imaginez une « petite danse » inventée en 1998, et filmée en super 8, aux quatre coins du monde, Le Caire, Madras, Valparaiso, Tokyo… Dans le même costume, par la même danseuse. Cette accumulation du même, mais bien évidemment pas le même, crée une suite presque hypnotique, un refrain gestuel, une ritournelle qui nous conduit au bord du temps, ou peut-être de la durée. Ainsi Millibar, la dernière création de Geisha Fontaine, qui danse, et de Pierre Cottreau, qui filme, nous embarque vers un jeu subtil de regards, de comparaison et d’ouverture. Car cette phrase chorégraphique a vieilli mais elle se rajeunit à vue d’œil par sa projection, par son activation d’autant que d’autres interprètes viennent s’en emparer et, malicieusement, la ploient, la tordent, la recomposent.
Alors, que voyons-nous ? Le souvenir de mouvements, des éclats anciens de mouvements inscrits dans de nouveaux ? Le rappel, l’écho, la réminiscence de cette « petite danse » ? La réactualisation d’anciennes vacances irisées par la beauté élégante des couleurs pastel du super 8 ? Un enchaînement d’instants illimités ? Oui, et pourquoi pas… Que reste-t-il de nos amours ?

Geisha Fontaine débute la danse au Capitole de Toulouse, y fonde un lieu, se tourne vers les contemporains, interprète et obtient un doctorat. Elle publie en 2004 Les danses du temps aux éditions du CND. Pour sa part, Pierre Cottreau, diplômé de la FEMIS, devient réalisateur et directeur de la photo sur des longs métrages. En 1998, tous les deux fondent Mille Plateaux Associés. Depuis, ils ont créé près d’une vingtaine de chorégraphies.