EDITO
Être présent
Cette vingt-troisième édition est la plus importante de l’histoire du festival. 15 lieux de diffusion, 54 représentations, 15 créations*. Sans défi ni mauvais caractère, simplement en suivant notre erre puissante qui depuis plusieurs années nous conduit à la découverte de nouveaux partenaires de diffusion. Un déploiement remarquable donc qui se concrétise vraiment en petite couronne. Les étapes du parcours sont moirées, chatoyantes, du Local aux Abbesses, de Châtillon aux Lilas, de Saint-Ouen à Gentilly, du Carreau à micadanses. Ce n’est pas le tournis qui nous prend mais la curiosité qui nous taraude, l’énergie qui nous anime et cette sorte de joie d’aller, d’aller vers l’autre, de (se) découvrir.
Faits d’hiver affirme son attachement aux chorégraphes qui composent la danse contemporaine, quelque soit leur génération et leur reconnaissance. Il est nécessaire de présenter dans un même festival Béatrice Massin et Malika Djardi, Myriam Gourfink et Nina Vallon, Arthur Perole et Rebecca Journo, Mickaël Phelippeau et Yves-Noël Genod, Yvann Alexandre et Mathilde Rance…
Et aussi Mié Coquempot, disparue l’an passé, qui voit la réalisation de son dernier projet dans son entièreté (Offrande à la Mac de Créteil). Et d’engager également une attention soutenue à la danse et au handicap. Et de faire confiance. Et d’écouter le bruissement des pas, l’envol des corps, l’appel du soir…
Pas de manifeste mais manifester haut et clair ce que la danse apporte à tous. Et faire ce que l’on doit, pour les artistes, les publics. Être présent.
Christophe Martin
* 12 lieux de diffusion, 34 représentations, 11 créations en 2020
Communiqué de presse Faits d’hiver 2021
Archives 2021
Agenda
ANNULÉ
14 et 15.01 | 19h30
Théâtre de la Cité internationale
Yvann Alexandre
Se méfier des eaux qui dorment
création
ANNULÉ
28 et 29.01 | 20h
Espace 1789 (Saint-Ouen)
Soirée 2 spectacles « De Françoise à Alice et Lou »
Mickaël Phelippeau
Lou
ANNULÉ
1 et 2.02 | 20h
Le Générateur (Gentilly)
Soirée partagée avec Myriam Gourfink
Biño Sauitzvy
Under the Ground
création
ANNULÉ
3 > 5.02 | 20h
Le Regard du Cygne
Soirée partagée avec Erika Zueneli
Lotus Eddé Khouri, Christophe Macé
BELIEVE
création
ANNULÉ
6.02 | 18h
Le Local
ANNULÉ
9.02 | 13h et 11.02 | 18h
Le Socle
Soirée partagée avec Rebecca Journo
Leïla Gaudin
Errance dans Le Local
ANNULÉ
7.02 | 17h
Le Local
Soirée partagée avec Rebecca Journo
Mathilde Rance
Ubuntu
création in situ
Un festival de papier
Comme dit si bien Verlaine
au vent mauvais
Étrange comme subitement l’histoire se réinterprète (et non se réécrit !) après un coup de massue : annulation de Faits d’hiver 2021. Nous avions eu la chance de connaître une édition du festival en 2020. Cet événement passé (logique mais heureux) n’avait plus la même saveur en ce jour de janvier 2021 1 où il a été décidé de saborder l’édition promise – chlac, aïe, badaboum –. Pourtant, ce qui s’annonçait dans la 23e édition méritait d’être. Et une chose avérée, reconnue, nommée, peut s’en aller, disparaître, s’offrir aux souvenirs.
L’idée d’Un festival de papier apparaît le lendemain de l’annulation. Se résoudre à trancher s’éclaire finalement par la situation et l’indécision générale. Par contre, se résoudre à effacer ne s’entend pas.
Que faire ? Témoigner, simplement dire, dans l’état très parcellaire des connaissances à disposition puisque Faits d’hiver est avant tout un festival de créations. Un abîme s’ouvre alors : parler de projets artistiques non créés dans un festival annulé ! Une myriade de questions dévoile l’équation bancale formulée. Que dire ? Comment ? Pour qui ? Car le vide, après la sentence, se remplit très vite : séances professionnelles, reports…
Ce que vous allez lire ci-après possède un statut bizarre. Les textes écrits après les séances professionnelles ne sont pas des critiques parce que ces séances ne sont pas des créations et qu’il n’y a pas de public. D’autres sont de pures extrapolations de projets de papier, d’autres encore des entretiens romancés.
Ces précisions méthodologiques ne sont pas sans valeur. Car les temps sont floutés, les repères érodés, l’attente pointue et la tristesse aux bords des corps. Chacun cherche à sauver ce qu’il a à perdre. Une saison. Une production. Des collaborations. Des revenus. De l’énergie. Du désir. Les autres. Les pots de fin de soirée. Les avis divergent. Les rendez-vous s’annulent et l’écran brille. Mais il fait mal aux yeux.
Un festival de papier ne va pas combler les frustrations et les déceptions. Au moins permettra-t-il de solidifier un lien. Entre nous. Public, artistes, lieux de diffusion. Il marque aussi le choix de ne pas reporter l’édition à l’année prochaine et de ne pas retransmettre via le net certains spectacles. Spectacle vivant : spectacle entre vivants dans un même espace et temps. Respectons ce que nous sommes.
L’annulation d’un festival n’est rien d’autre qu’un fait divers 2. Parmi tant d’autres. Le choix de l’édition s’arrime également pour nous dans le projet général de micadanses qui a déjà publié une dizaine d’ouvrages 3. Cette fois-ci, deux versions seront disponibles : l’une numérique avec des enrichissements spécifiques (documentaire, teasers, etc.) et l’autre papier, bien sûr.
Un festival est toujours, à une étape de sa genèse, de papier, de dossiers, de tableaux, de programmes.Il est étrangement d’abord écrit.Comme un tirage de tarots existentiel. Nous nous livrons à ces mots qui tentent de faire exister vaille que vaille des intentions, des intuitions, des sentiments et émotions, des danses.
Un festival de papier est une chorégraphie de mots.
Christophe Martin
1. Sans oublier Bien fait ! en septembre à micadanses.
2. Inévitable…
3. Disponibles sur demande à micadanses, qui a aussi créé en collaboration avec la Biennale du Val-de-Marne,
la Journée de l’édition en danse et le site éditiondanse.com. Une nouvelle collection « L’OEuvre dansée » pointe son nez en septembre 2021.
Entretien
avec Christophe Martin
directeur du Festival Faits d’hiver et de micadanses